Ternay, station de surveillance en continu des eaux du Rhône en aval de Lyon

Suite à une grave pollution du Rhône en mai 1993, le Préfet avait confié au groupe EAU du SPIRAL la mise au point d’un dispositif automatique de surveillance de la qualité des eaux du Rhône à l’aval de l’agglomération lyonnaises. Ainsi, toutes mesures pourraient être prises au niveau de la distribution des eaux avant qu’une substance éventuelle n’ait contaminé les puits par migration lente au travers du filtre de gravier que constitue la berge du Rhône.

Maitrise d’ouvrage par syndicat d’adduction d’eau Rhône sud mais cofinancement par SPIRAL. GT dès 1993, animé par la DIREN pour répondre aux différents besoins des membres pour mesurer effets des actions de dépollution, protéger les captages d’eau et pour suivre l’état général du fleuve ou pour gérer les pollutions accidentelles.

Objectifs

Après plusieurs études (situation géographique, représentativité du prélèvement…) et problèmes (financement, problèmes sur le permis de construire…), la station a finalement été mise en service en 2001 avec 3 objectifs principaux :

  • l’alerte pour les champs captant (2 Syndicats concernés, 185 000 personnes), en cas de pollution accidentelle du fleuve afin de prendre rapidement toutes les mesures nécessaires pour protéger notamment les captages d’eau potable situés à proximité (alimentation en eau potable d’une population d’environ 185 000 personnes)
  • la surveillance en continu du fleuve face aux principaux rejets : collectifs, industriels (et accidentels),
  • le suivi patrimonial du fleuve Rhône, permettant notamment de mettre en vigilance les gestionnaires des stations d’épuration urbaines ou industrielles ainsi que les entreprises rejetant directement dans le fleuve.

Elle constituait un élément essentiel pour la restauration globale du Rhône puisqu’elle s’inscrivait dans le plan général de restauration du fleuve et dans le SDAGE (Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux) du Bassin Rhône-Méditerranée et Corse.

Fonctionnement

La station comprenait une prise d’eau, des matériels de prélèvement et d’échantillonnage automatiques et un bâtiment abritant les analyseurs physico-chimiques (COT, métaux lourds…), un système d’alerte biologique (activités des truitelles), le système informatique de gestion et de traitement de l’information (automate).

L’alerte est basée sur les résultats d’analyses automatiques physico-chimiques et biologiques. Une procédure de validation des données de type assurance qualité a été mise en place.

Fin 2004, une étude globale est lancée pour requestionner la gestion des stations de surveillance et d’alerte sur l’agglomération lyonnaise. Il s’agit également de redéfinir les conditions d’exploitation de la station de Ternay, concernant les données produites, la pertinence de l’alerte, mais également sur la responsabilité de son financement de sa station et sa maîtrise d’ouvrage.

Depuis le 1er janvier 2007, le Grand Lyon est devenu maître d’ouvrage de la station d’alerte et de surveillance de Ternay. Dans un premier temps c’est l’un des Syndicat qui était le maître d’ouvrage, avec un co-financement pour l’exploitation : Agence (50 %), Camaly (association regroupant le Grand Lyon et les 6 établissements industriels qui rejettent directement au Rhône), EDF, CNR, 2 Syndicat de distribution d’eau ; pour mémoire l’Etat avait participé à l’investissement.

La gestion technique avait été confiée à SDEI, filiale de la Lyonnaise des eaux.

Le suivi de la station, les choix de gestion technique étaient fait systématiquement au sein du SPIRAL EAU ce qui permettait d’associer à la concertation les 4 collèges (il n’y avait pas le collège Salariés).

Le coût de fonctionnement était en 2010 de 180 K€.

Fermeture de la station

Le bilan est mitigé concernant l’exploitation et la valorisation des données. Mais des effets positifs secondaires ont été constatés : contribution à l’évolution de la réglementation, effet dissuasif de pollution et visites de délégations étrangères.

Un premier problème de financement a surgi quand la CNR a arrêté sa participation, puis l’Agence de l’eau a été de plus en plus réticente à financer cette station pour les raisons qu’elle explique elle-même :

"L’alerte AEP est satisfaite correctement. La surveillance pose problème d’une part, car seulement un nombre réduit de paramètres sont suivis par la station, d’autre part car les données recueillies « bruit de fond » et/ou pics observés (métaux et Cr6+ en particulier) ne sont pas exploités pour une recherche de leur origine."Enfin pour l’Agence la mesure en continu est inadaptée pour un suivi patrimonial compte tenu de l’existence du réseau national de bassin.

Plusieurs études extérieures n’ont pas permis de répondre à la question de la recherche de l’origine des pics que l’on trouvait périodiquement sur l’analyseur automatique de métaux lourds à la station (chiffres plusieurs fois validés par des analyses parallèles en labo). Par ailleurs la pertinence de cette station en cas de pollution (autres que des petites irisations dues à des hydrocarbures) n’a pas été démontrée car il n’y a pas eu de pollution importante depuis 1993. Un autre reproche a été fait à cette station, c’est de n’avoir pas vu le problème des PCB qui ne pouvaient être mesurés en continu. L’Agence n’a pas inclus cette station dans le réseau de suivi du bon état des masses d’eau de la directive cadre sur l’eau.

En conséquence, suite au désengagement financier de l’Agence (50 % du budget), le Grand Lyon, maître d’ouvrage de cette station depuis 2009, n’a pas souhaité supporter seul la compensation financière au delà de 2010. Les autres financeurs n’ont pas donné suite, en cascade. Cette station est donc fermée depuis le 1er janvier 2011. La commission SPIRAL EAU ne s’est plus réunie depuis.

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